Pour cette ouverture tant attendue, la programmation automnale met en lumière le documentaire chilien avec un focus sur Carmen Castillo, Patricio Guzmán et Ignacio Agüero.



L'édito de Christine Carrier (BPI)

C’est avec beaucoup de plaisir et d’émotion que nous rouvrons nos salles cet automne, après une trop longue interruption, pour vous offrir un cycle consacré au documentaire chilien qui, malgré son report d’avril à septembre, n’a rien perdu de son actualité, bien au contraire. Dans un contexte de crise économique aggravée par la pandémie, une période cruciale s’ouvre pour le Chili avec le 25 octobre 2020 le référendum sur le devenir de la constitution de 1980, héritée de la dictature militaire. Cette tension entre passé et présent est au cœur de Chili, cinéma obstiné, rétrospective inédite dans son ampleur, qui propose une relecture du cinéma documentaire chilien à travers 48 films réalisés entre 1958 et 2020. Placée sous le parrainage de trois figures tutélaires du cinéma chilien – Patricio Guzmán, Carmen Castillo et Ignacio Agüero – cette rétrospective n’en sera pas moins très actuelle et centrée sur le travail des jeunes cinéastes, ainsi que sur l’engagement des nombreux collectifs qui témoignent en images de la situation sociale au Chili. Les trois mois du cycle ne seront pas de trop pour tenter de mieux cerner la complexité et la dimension historique et sociale d’un pays où la persistance des luttes n’a d’égale que la ténacité des cinéastes à les filmer.

Ce mélange de l’Histoire et de l’intime, on le retrouve dans une série de sept films qui accompagnera en novembre le 21e Mois du film documentaire. La Vie filmée des français, est un projet télévisuel ambitieux qui organise la rencontre entre des cinéastes (Alexandre Astruc, Guy Gilles…) décidés à faire vivre un corpus de films amateurs tournés entre 1924 et 1954, et des auteurs (Agnès Varda, Georges Perec…) qui s’offrent à les commenter. Des films grand[s] comme la mémoire collective, selon Agnès Varda. Un condensé de notre histoire, à travers le quotidien des Français et les événements qui ont marqué la période (Front populaire, Occupation allemande, Libération, Après-guerre). Autre temps fort de l’automne, les 2-3-4 octobre, soit le temps d’un long week-end, le festival Cinéma du réel présentera le palmarès de la 42e édition, celle qui n’a eu lieu qu’en ligne et qui vivra pendant quelques séances sur les écrans du Centre Pompidou. Moment d’intense émotion, donc et neuf films qui, comme l’écrit Catherine Bizern, directrice artistique et déléguée générale du festival sont autant d’hypothèses quant à un possible du cinéma documentaire, autant d‘accès, aussi, à d’autres expériences que la nôtre.

Nos rendez-vous réguliers continueront d’émailler la saison, dressant un panorama du documentaire dans toute sa diversité. Nous ne pouvons pas les citer tous, mais vous les découvrirez en feuilletant cette brochure. Rappelons toutefois le rendez-vous « Fenêtre sur festivals » des 9-10 et 11 octobre avec le Festival international Jean Rouch autour de quatre films issus de la compétition internationale 2019, présentés en préambule de l’édition 2020 du festival.

Enfin, dans le cadre de notre foisonnant partenariat avec l’Ehess, nous inaugurons, après les séminaires, une toute nouvelle proposition : les ciné-conférences, cycle de projections et de discussions sous des formes diverses (conférence, masterclasse, analyse du film) avec des invités du cinéma ou des arts.

Les portes des salles s’ouvrent pour vous, entrez et profitez du spectacle, il y a des ombres et beaucoup de lumière, les projecteurs ronronnent doucement, nous vous attendons !

Christine Carrier

Directrice générale de la Bibliothèque publique d’information


Focus Carmen Castillo

Carmen Castillo, écrivaine et cinéaste, a réalisé une vingtaine de films pour le cinéma et pour la télévision – son dernier film en date, Chili 1973 : une ambassade face au coup d’État, a été diffusé en janvier dernier sur France 5. Depuis 1976, elle réside en France. Dans son cinéma, le Chili n’est jamais très loin. À plusieurs reprises, elle s’est penchée, avec beaucoup de franchise et sans nostalgie, sur son propre passé de militante au sein du mouvement de la gauche révolutionnaire MIR, tout en traçant sa vie d’intellectuelle engagée, au Chili ou en France. En 2019, elle a reçu le prix Scam pour l'ensemble de son œuvre.

Samedi 19 septembre à 19h et mercredi 11 novembre à 17h

*Rue Santa Fe – De défaite en défaite jusqu'à la victoire finale Calle Santa Fe

de Carmen Castillo

Brouillon d'un rêve 2004

Chili/France/Belgique – 2007 – couleur – 163'

Rue Santa Fe, le 5 octobre 1974, dans les faubourgs de Santiago, Carmen Castillo est blessée alors que son compagnon, Miguel Enriquez, chef du MIR, est assassiné par la police de Pinochet. Tous ces actes de résistance valaient-ils la peine ? Miguel, est-il mort pour rien ? Carmen Castillo parcourt un chemin qui va de la clandestinité à l'exil, des jours lumineux d'Allende aux longues années sombres de la dictature, avec tous ceux qui ont résisté à cette époque et ceux qui résistent encore aujourd'hui.


Focus Patricio Guzmán

Né le 11 août 1941 à Santiago du Chili, Patricio Guzmán a effectué ses études à Madrid. Avec sa trilogie La Bataille du Chili (1975-1979), il pose les fondations du cinéma documentaire au Chili.
Exilé du pays en 1974, il habite aujourd’hui à Paris. Dans ses films, il continue de se pencher sur l’histoire et la vie de son pays. En 1997, il fonde le festival du film documentaire de Santiago, FIDOCS.
Le cinéma documentaire est une façon d'accompagner une idée ou un peuple, c'est un prolongement de la voix des gens. (Patricio Guzmán)

Vendredi 25 septembre à 20h et samedi 28 novembre à 17h

* Nostalgie de la lumière – Nostalgia de la luz

de Patricio Guzmán

Brouillon d'un rêve 2007

Allemagne/Chili/Espagne/France – 2010 – couleur – 90'

Dans le désert d’Atacama au Chili, les astronomes observent les étoiles. C’est aussi un lieu où la sécheresse du sol conserve intacts les restes humains : ceux des explorateurs, des mineurs… et des prisonniers politiques de la dictature. Les astronomes scrutent les galaxies en quête d’une probable vie extraterrestre ; au pied des observatoires, des femmes remuent les pierres, à la recherche des squelettes de leurs bien-aimés.

Samedi 26 septembre à 17h et samedi 28 novembre à 20h

* Le Bouton de nacre – El Botón de nácar

de Patricio Guzmán

Brouillon d'un rêve 2013

Chili/Espagne/France – 2015 – couleur – 82'

L’eau constitue la plus grande frontière du Chili et détient le secret de deux boutons mystérieux trouvés au fond de l'océan. Le long de ses presque 4 300 kilomètres de côte, on écoute les voix défuntes des peuples autochtones de la Patagonie, celles des premiers marins anglais et celles des victimes de la dictature de Pinochet.

Samedi 26 septembre à 20h et dimanche 29 novembre à 17h

* La Cordillère des songes – La Cordillera de los sueños

de Patricio Guzmán

Œil d’or 2019

France/Chili – 2018 – couleur – 85’


Au Chili, quand le soleil se lève, il a dû gravir des collines, des parois, des sommets avant d’atteindre la dernière pierre des Andes. Dans mon pays, la Cordillère est partout mais pour les Chiliens, c’est une terre inconnue (…) J’ai voulu filmer de près cette immense colonne vertébrale pour en dévoiler les mystères, révélateurs puissants de l'histoire passée et récente du Chili
. (Patricio Guzmán)


Les yeux doc à midi : DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE

Le Catalogue national de la Bpi diffuse dans les bibliothèques françaises, à travers la plateforme numérique Les yeux doc (www.lesyeuxdoc.fr), un catalogue de films témoignant de la remarquable diversité des styles et des écritures du cinéma documentaire.
Venez les voir sur grand écran à l’heure du déjeuner et retrouvez-les sur vos écrans personnels et dans les 58 bibliothèques qui proposent ce service, notamment le réseau des bibliothèques de la Ville de Paris.

Vendredi 18 septembre à 12h

* Djamilia

de Aminatou Echard

Étoile de la Scam 2019

France – 2018 – couleur – 84’

Admiré du poète Aragon, le court roman de l’auteur kirghiz Tchinguiz Aïtmatov, publié en 1958 et presque simultanément traduit en français, raconte l’initiation amoureuse de la jeune et belle Djamilia dans le milieu strictement patriarcal de la paysannerie. Soixante ans après, la condition des femmes a-t-elle évolué dans les steppes de l’Asie centrale ?

Vendredi 9 octobre à 12h

*Retour à la terre – Volta à terra

de João Pedro Plácido

Brouillon d’un rêve 2011

Portugal – 2016 – couleur – 74’

À Uz, hameau montagnard du nord du Portugal où ont vécu les grands-parents du réalisateur, les saisons se succèdent de façon immuable pour les rares paysans restés sur place. Parmi ces bergers vieillissants s'est glissé de façon un peu incongrue un jeune homme de vingt ans, Daniel, seul « rescapé » d'une génération qui est descendue dans la plaine à la recherche d'une vie citadine moins rude.

Vendredi 16 octobre à 12h

*Makala

de Emmanuel Gras

Mention spéciale l'Œil d'or, le prix du documentaire – Cannes 2017 et Brouillon d’un rêve 2014

France – 2017 – couleur – 96’

Kwabita et Lydie Kasongo, jeune couple de paysans congolais du Katanga, ont des rêves d'avenir et de vie meilleure. Traditionnellement, dans cette région, les paysans fabriquent le charbon (makala) à partir du bois coupé dans la savane. Il faut ensuite le vendre et le film accompagne le voyage de Kwabita et de ses sacs de charbon juchés sur un vélo qu'il traîne sur 50 kilomètres, jusqu'au marché de Kolwezi.

Vendredi 23 octobre à 12h

*Je suis le peuple

de Anna Roussillon

Étoile de la Scam 2016 et Brouillon d’un rêve 2012

France – 2014 – couleur – 111’

Anna Roussillon, qui est arabophone et a passé son enfance au Caire, se rend en 2009 en Égypte pour un projet de film. Sur un repérage, elle rencontre Farraj, un paysan qui exploite des terres et vit avec sa femme et ses enfants dans un village près de Louxor. En janvier 2011, les premières manifestations éclatent sur la place Tahrir, marquant le début de la révolution égyptienne.

Vendredi 13 novembre à 12h

*La Mort du Dieu Serpent

de Damien Froidevaux

Étoile de la Scam 2015

France – 2014 – couleur – 91’

Koumba, jeune Sénégalaise en colère, est expulsée de France. Du jour au lendemain, elle se retrouve dans le village de ses ancêtres au Sénégal.

Vendredi 27 novembre à 12h

*Dans la terrible jungle

de Ombline Ley, Caroline Capelle

Brouillon d’un rêve 2016

France – 2018 – couleur – 72’

Sur la commune de Loos (Nord), située dans la zone périurbaine de Lille, est installé l'Institut médico-éducatif « La Pépinière », qui reçoit des adolescents atteints de handicap mental. Dans ce centre hors norme, sans contact avec le monde extérieur mais qui prépare ses pensionnaires à se « réinsérer » dans ce monde, une poignée d'adolescents s'épanouissent à travers des activités de plein air, manuelles et surtout artistiques.


Brouillon d’un film avec Pauline Horovitz
Jeudi 26 novembre

La cinémathèque du documentaire à la Bpi s’associe à la Scam (Société civile des auteurs multimédia) pour « Brouillon d’un film », des rencontres autour de projets soutenus par sa bourse d’aide à l’écriture « Brouillon d’un rêve ». Ces rencontres donnent lieu à une séance de présentation d’un film en cours, suivi de la projection de films précédents de la cinéaste.

à 18h

* Papa s’en va

Projet de Pauline Horovitz


Il n'est jamais trop tard pour accomplir ses rêves : à 70 ans, mon père, ancien médecin gynécologue-obstétricien et héros de plusieurs de mes documentaires, a décidé de devenir acteur.

(Pauline Horovitz)

à 20h

*Tout a commencé par le sourire

France – 2005 – couleur – 3’

Tentative de se décrire, à tort ou à travers.

*Les Appartements

France – 2006 – couleur – 7’

Trois appartements de trois générations d’une même famille, à travers eux la description des lieux et de leurs occupants.

*Pleure ma fille, tu pisseras moins

France – 2011- couleur – 52’

Tout le monde le sait depuis Simone de Beauvoir, On ne naît pas femme, on le devient. Une tragi-comédie baroque sur la construction des genres, en forme d’inventaire à la Prévert, entre éducation et bonnes manières, maquillage et Écossais en kilt, coups de foudre, mariages à répétition et estampes japonaises – sans oublier la recette du sauté de veau.


Retrouver l'ensemble de la programmation sur le site de la Cinémathèque du documentaire.