Marie NDiaye par Colette Fellous
Entretien avec Marie NDiaye par Nelly Kaprièlian

Le goût de la solitude, de la liberté et des grandes aventures du langage

Il y a de la magie dans l’œuvre de Marie NDiaye, le
réel vacille parfois et à force de l’observer, on y
découvre des cercles invisibles qui vont nous mener
peu à peu au cœur des choses, au cœur de ce qu’on
ne savait pas regarder, ou de ce qu’on avait regardé
distraitement.
Des fantômes peuvent alors apparaître,
des êtres somnambules, des personnages comme
issus de contes anciens ou de mythes, mais aussi des couleurs, des paysages, des noms étranges, des
ambiances, des faits divers.
C’est cela la voix
singulière de Marie NDiaye dans le paysage littéraire
contemporain.
Une voix apparemment calme,
sereine, patiente, tranquille qui va pourtant bousculer
tout ce qu’elle touche (d’une phrase qui devient de
plus en plus sobre) et le rendre merveilleux,
légèrement décalé, toujours secret et profond.
La
magie comme la littérature est faite pour montrer les
facettes moins visibles et moins accessibles du réel.

On dirait que c’est à cela que s’est toujours attachée à
chercher Marie NDiaye, et depuis son premier livre
publié à dix-sept ans par Jérôme Lindon, aux Éditions
de Minuit : Quant au riche avenir. Un titre qui ne
croyait pas si bien dire, surtout lorsque l’on sait que
Marie avait déjà écrit huit ou dix romans
précédemment, depuis ses dix ans et qu’elle était sûre
d’en écrire bien d’autres.
Aujourd’hui, c’est avec joie
que le jury du Prix Marguerite Yourcenar 2020,
orchestré par la Scam, a choisi de couronner son œuvre qui aurait été certainement appréciée par
Marguerite Yourcenar, ayant toutes deux en commun
le goût de la solitude, de la liberté et des grandes
aventures du langage.

Colette Fellous, membre du jury


Entretien avec Marie NDiaye par Nelly Kaprièlian