A Visa pour l »image, la Scam qui milite pour les photographes et défend leur profession, fait un point sur les enjeux professionnels et les attentes après cinq ans de quasi statu quo.

Le 10 mai dernier, juste avant la prise de fonction des nouvelles équipes ministérielles, paraissait au Journal officiel le décret fixant « les conditions de détermination du salaire minimum des journalistes professionnels auteurs d’images fixes (photographies ou dessins) rémunérés à la pige ».
Tant attendu ce décret fixe aujourd’hui le montant du salaire minimum journalier à 60 euros pour une commande demandant un temps théorique d’exécution de 5 heures de travail minimum !
« Une insulte non seulement à la profession mais aussi à une information de qualité. (…) Les reporters-photographes ne se sentent ni respectés, ni reconnus et ni payés au juste prix » comme l’a souligné la Coordination photojournalisme regroupant organisations syndicales (SNJ, SNJ-CGT, CFDT-journalistes, SNJ-FO, CFTC) et organisations d’auteurs (Scam, Saif et UPP).

Ce décret tourne le dos à leurs revendications en matière de salaires. Depuis de trop longues années, différents rapports et études concernant le photojournalisme se sont succédé, révélant tour à tour la précarisation croissante de la profession.

En 2015, lors du festival Visa pour l’image, la Scam a publié l’enquête « Photojournaliste : une profession sacrifiée » qui explique, décrit et analyse les conditions de plus en plus difficiles d’exercice de la profession, en donnant la parole à de nombreux protagonistes qui vivent cette crise au jour le jour. Cette enquête s’accompagne de propositions de nature à faire respecter les « bonnes pratiques ». Néanmoins, un an après sa publication, la Scam en association avec la Saif, l’UPP et plusieurs syndicats de journalistes a publié un manifeste intitulé : « Photojournalisme : cinq ans, trois ministres de la culture, zéro mesure ».

Malgré les promesses des pouvoirs publics, les reporters-photographes constatent la lente et inexorable détérioration de leurs conditions de travail et de leur rémunération.

La Scam réitère donc ses propositions :

la remise à plat du « Code de bonnes pratiques » (dit Code Brun-Buisson) que la grande majorité des organisations professionnelles n’a pas signé en 2014 ;
l’encadrement de l’usage de la mention « DR » (droits réservés) : les photographes proposent de taxer chaque image DR au profit d’un fonds aidant la création ;
le rééquilibrage des pratiques contractuelles (relations commerciales et de travail) en restaurant la pratique du bon de commande, garant du statut des journalistes ;
– une réflexion sur les mesures techniques empêchant la réutilisation sans autorisation ni limite des photographies achetées par les éditeurs ;
la réforme des aides postales et fiscales aux publications ;
lier l’attribution des aides à la presse (« quotas ») à l’instauration d’un régime d’obligations de commande à des journalistes reporters-photographes ;
la mise en place effective du Conseil national des arts visuels créé par Audrey Azoulay (instance de concertation entre l’État et l’ensemble des professionnels des arts visuels) auquel la Scam souhaite participer.