Audace et engagement avec six films inédits choisis parmi les « Brouillon d »un rêve » terminés depuis la dernière édition ardéchoise.



Les paysages de Brouillon d’un rêve

Il était une fois… un chemin neigeux endeuillé, une cour d’école et sa géographie politique, le fond d’une grotte à la recherche du temps, le bureau d’une association de défense des droits des femmes, une ville-fantôme en Espagne, l’ambiance chaotique d’un appartement familial, le long d’une interminable route pour une survivante de la prostitution, les méandres de la mémoire d’un cinéaste aux semelles de vent, le boulevard Jules Durand au Havre, les 6999 portes, 3150 fenêtres et 28 kilomètres de couloirs d’un Palais de Justice…

Il était une fois des paysages et… un territoire : celui de notre foi sans cesse renouvelée dans le geste documentaire. C’est ce territoire que nous avons traversé, ouvert, exploré, et que rend possible cette aide à l’écriture de la Scam, grâce à la volonté collective de ses auteurs et à l’implication d’Anne Georget, en qualité de présidente de la Scam jusqu’en juin 2017, de Stéphane Mercurio, Anna Celia-Kendall, Jacques Deschamps, Xavier Christiaens, Regis Sauder, membres du jury, et Frédérique Pressmann, Cécile Vargaftig, Yamina Zoutat, Anna Feillou, Pauline Horovitz, Bernard Mangiante, Stéphane Manchematin, Vladimir Leon et Laurent Roth, membres du lectorat. Ainsi, cette aide à la création a pu se poursuivre et ainsi affirmer la croyance en la persistance d’œuvres singulières dans la création documentaire.

Alors que 90 nouveaux projets étaient encouragés en 2016, une cinquantaine de Brouillons d’un rêve aboutissaient et étaient visionnés par les membres du jury et du lectorat depuis la dernière édition de Lussas. Tous ont laissé des traces, des questions, et nous ont marqué de leurs rêves communs. Donner vie aux voies endormies dans le silence, éclairer les visages. Chanter et danser l’utopie d’un vivre ensemble. Tant la vie demande à être aimée. Que faire de ses rêves quand on a vingt ans ? Rompre avec les malédictions héritées. Jusqu’où va l’enfance ? Une vie pour remplir une maison et seulement un jour pour la vider… Ressentir une musique faite de bruits du monde, voyager dans le corps. Ici, on ne se raconte pas, on laisse la mémoire s’effacer. Leurs voix résonnent encore… et nous rappellent chaque année à quel point il est important d’être bien accompagné tout au long de la réalisation, d’avoir des temps de tournages justes, des temps de montage, des moyens à la hauteur des enjeux… Il y a dans tous ces films de fort belles batailles et nous mesurons à quel point ce dispositif d’aide à l’écriture Brouillon d’un rêve occupe une place de plus en plus importante pour les autrices et les auteurs dans l’aboutissement de leurs œuvres.

Pour cette journée consacrée aux films soutenus dès l’écriture par Brouillon d’un rêve, nous avons veillé à porter la lumière sur des œuvres dites fragiles, fragiles parfois par une certaine solitude de leurs autrice-teur.s à les porter à bout de bras, parfois par des valeurs opposées à un certain marché. Ce sont donc des œuvres « peu visibles », des objets devenus un peu rares, qui empoignent le réel avec beaucoup de délicatesse, de poésie, de risque, de courage. Des autrice-teur.s au plus près des cabossés et des invisibles de notre monde. Éloges de la douceur et de l’empathie, pur enchantement, gestes de liberté, le talent et le pouvoir des autrices et des auteurs changent notre regard sur le monde, sans renier la singularité de leur expression.

Sans le chercher, nous avons mis à l’honneur un bon nombre de premiers ou seconds films; des – presque – premiers pas, comme des lettres d’amour, aux côtés de pas plus confirmés, plus radicaux. Mais avec toutes et tous, nous arpentons les questions de l’engagement des autrice-teur.s, de leur responsabilité, de leur empreinte intime et politique. C’est sur ce chemin que nous vous emmenons.

Julie Bertuccelli, présidente de la Scam


Projections en présence de Yamina Zoutat et Regis Sauder, membres du jury de la bourse Brouillon d’un rêve documentaire.

10h30 : Les deux visages d'une femme Bamileke
de Rosine Mbakam

76 – 2016
Ce film raconte le retour d';une jeune femme dans son pays d'origine, le Cameroun, ses retrouvailles avec sa mère, retrouvailles construites autour des espaces revisités de leurs deux vécus. Deux parcours différents qui se croisent autour des traditions qui fondent leurs deux personnalités. A la recherche des sentiments enfouis, des histoires, son histoire. Donner vie aux voix endormies dans le silence, éclairer les visages des femmes de sa communauté qui l’ont construites pour faire jaillir d’autres couleur de leur visage.

12h10 : Gildas a quelque chose à nous dire
de Just et Tristan Philippot

45'- 2016
Mon grand frère est parti trop tôt, sans dire un mot…A vrai dire, il n’a jamais parlé, il n’a jamais marché non plus. Je n'ai jamais su ce qu'il pouvait voir où ce ce qu'il pouvait entendre. Je n'ai même jamais su s'il m'aimait vraiment…Alors avant que les incertitudes et les regrets ne s’installent à jamais, j’ai décidé de finir le film que j’avais commencé avec lui durant la dernière année de sa vie… Dans l’espoir de trouver un mot ou un regard qui me le prouve, une bonne fois pour toutes.

14h55 : Une tournée dans la neige
d’Hélène Marini

74' – 2017
Le 15 février 2013, Pauline, une jeune factrice intérimaire de 21 ans, s'est suicidée après une très éprouvante tournée dans la neige. Sur le chemin de cette tournée de campagne en Haute-Loire, véritable image du cycle de la vie, viennent se croiser les luttes et les renoncements de ceux qui ont ou auraient pu connaître Pauline : facteurs à l'ancienne qui voient leur métier se vider de son sens, syndicalistes en lutte, fermiers enclavés dans leurs territoires de solitude.

16h35 : Les chants de Maladrerie
de Flavie Pinatel

28'' – 2017
Aubervilliers, La Maladrerie. Dans une cité aux formes atypiques, hommes et femmes, jeunes et anciens, chantent leurs quotidiens. Entre documentaire et comédie musicale, Les Chants d’à Côté convoque l’architecture sociale de Renée Gailhoustet et la chanson populaire pour puiser dans les forces vives de la cité et questionner l’utopie du vivre ensemble en banlieue.

17h25 : Sur le quai
de Stephan Mihalachi, co-écrit avec Marie Depussé

65' – 2016
Un Roumain arrive chez une analyste qu’un ami lui a conseillée. Il la voit chaque semaine, lui parle mais très vite se renseigne sur elle: elle est écrivain, elle habite une maison en bois dans un asile de fous. Il lit ses livres. Au bout d’un an, il rassemble ses forces, il lui dit qu’il en a marre de lui parler de ses problèmes, que ça l’emmerde. Il veut faire un film sur sa parole, à elle.

21h25 : Chronique du Tiers-exclu
de Claire Angelini

116' – 2017
Une fiction politique: de l'hôpital psychiatrique à l'EPSM Lille-Métropole. Des usagers de l'hôpital psychiatrique d'Armentières, dans le nord de la France fondé il y a 400 ans, retracent l'épopée collective d'un établissement que les dernières générations de soignants, acteurs militants de changements radicaux, ont patiemment déconstruit.Une évolution décisive qui dresse le bilan d'une période de la psychiatrie française et de ses combats. la prise en charge de cette histoire par les usagers actuels de l'hôpital devient dans et par le film un geste de liberté radicale leur permettant d'assumer pleinement leur retour dans la cité.